Tout le monde se souvient de cette affiche financée par France Nature Environnement. Le message était clair, vous couriez à la mort en consommant des OGM.
En 2011, en Allemagne, 4 500 personnes ont été infectées par la souche Escherichia. coli O104 :H4 (entéro-hémorragique) ayant entrainé 810 cas de syndrome hémolytique et urémique (SHU), 39 décès, soit une taux de mortalité de 8,6 pour 1000 [1]. Rappelons que 15 cas ont été diagnostiqués en france compliqués de 8 SHU. Pour couronner le tout, outre la toxine (shiga-toxine), E. coli produisait une enzyme (une bétalactamase à spectre étendu) rendant cette bactérie inaccessible à de très nombreux antibiotiques. On parle de bactérie multirésistante aux antibiotiques. Les chercheurs allemands ont établi un lien avec des graines germées provenant d’une ferme biologique de Gartnhorf en Basse-Saxe [2].
Nous attendons toujours la prochaine campagne d’information de France Nature Environnement qui devrait en toute logique nous mettre en garde contre l’agriculture biologique. Le bilan Allemand pour l’année 2011 concernant les risques de létalité en terme de santé publique est sans appel : aucun mort pour le nucléaire civil, 39 pour le bio…On imagine sans peine les réactions immédiates et véhémentes des ONG environnementales relayées par EE-LV et l'inévitable Corinne Lepage si les décès avaient été provoqués par une substance chimique utilisée en agriculture conventionnelle, par définition dangereuse pour les consommateurs.
Toujours plus hilarant, nous apprenons que des producteurs d’œufs sont soupçonnés de fraude sur la mention bio [3], comme par hasard cela se passe encore en partie en Basse-Saxe. Décidément, cette région ressemble un Eldorado du bio qui n’en n’est pas.
L’ironie est évidemment facile, j’en conviens, mais l’art de l’indignation sélective écologique est caricaturale. Ces exemples le montrent.
Des préoccupations majeures beaucoup moins « sexys » que les ours polaires qui ne sont d’ailleurs pas en voie de disparition [4] devraient interpeller nos écologistes politiques.
Les vraies urgences sont celles mettant en cause des affections de destruction massive en particulier les pathologies infectieuses [5] nettement moins porteuses médiatiquement que les navets d'Al Gore.
Bref les fausses évidences, le bidouillage de la réalité et le gommage systématique de la complexité devient franchement énervant. Ceci ne doit pas nous empêcher de penser que les pandas ne sont peut-être pas le centre du monde, au risque de déplaire à Brigitte Bardot.
TL, Janvier 2013.
Bibliographie:
1. M. Gouli, FX. Weil. Les Escherichia coli entérohémorragiques: des entérobactéries d'actualité. La Presse Médicale, 2013; 42:68-75.
2.http:/www.sciencesetavenir.fr/actualite/fondamental/20110610.OBS4913/sur la piste…
3.http://news.fr.msn.com/ecologie/allemagne-des-producteurs-doeufs-soup%C3A7onn%C3%
4. Markus G. Dyck et al. « Polar bears in Western Hudson Bay and climate change : are warming air temperatures the « ultimate » survival controlfactor ? », Ecological Complexity, vol.4, n°3, septembre 2007.
5. Bruno Tertrais. L’apocalypse n’est pas pour demain; Pour en finir avec le catastrophisme. DENOEL-2011.